(brouillon, french abstract)

La "structure matérielle idéale" pourrait être l'infrastructure produite par l'espoir lui-même, celui que l'on nourrit. Mais elle ne naîtrait que du risque (très relatif, je l'ai déjà écrit quelque part) pris avec le réel (ou plus précisément de la confiance accordée à la matière). Non pas pour le provoquer, celui-là, le réel, qui n'en demande pas tant, mais plutôt pour vérifier le caractère à la fois très fragile et très sérieux de notre espoir. Je peux toujours rêver, je peux désirer voir les paroles que nous nous adressons prendre forme (de glace qui irait s'étaler en morceaux sur la table -ou glisser en le mouillant sur un coussin-) (de fumée, qui ferait des ronds, des tunnels, qui se mélangeraient) : tant que je n'aurai pas décidé de souffler dans le tas de neige artificielle ou sur les braises il ne s'agira pas d'espoir.

On peut donc, en plus de chercher sa forme**, l'espérer.

La structure idéale d'une forme à donner n'est pas, c'est mon impression, liée à la stratégie mécanique qui y conduirait ; elle est davantage le résultat combiné de ce que l'on en espère et de ce que l'on aura laissé faire, de ce que le réel voudra bien répondre, et donc de ce que l'on ne sait pas encore. Je ne crois pas qu'il vaille la peine une seule seconde de calculer les fondations, la résistance (à moins d'espérer construire un pont), et ce sentiment aurait pu me faire craindre d'être un peu paresseuse. Or de son côté l'espoir ne peut naître que dans le sein d'une grande inconnue : si je sais d'avance que tout va tenir, j'ai juste fabriqué. Dans ces conditions, bien entendu, la structure risque d'être un peu fragile (on perd vite et espoir et confiance). Mais c'est une expérience assez simple à vérifier : l'espoir est le fantôme et la matière, la poudre qui le révèle ; alors il se matérialise un peu, peut-être, tant mieux.





** Je cherche ma forme, affiche, Sébastien Montéro, Projet Iiouchine, 2006